31-07-2019 | INSOLITE, DIVERS


Tour de France - La Victoire de Bernal, de l'Amérique du sud avec l'aide de l'Italie

Chronique d'une victoire annoncée

Zipaquira, ville de 100 000 habitants, doit sa renommée à sa cathédrale de sel, une des merveilles de Colombie, et au Prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, l’auteur de Cent ans de solitude et de Chronique d’une mort annoncée, qui y a passé une partie de sa jeunesse. Sur la carte du monde sportif, elle est aussi devenue hier le berceau d’Egan Bernal, premier vainqueur sud-américain du Tour de France, à l’âge de 22 ans et six mois. Le coureur d’Ineos, qui a fait ses débuts sur les sentiers de VTT, a connu une ascension fulgurante et maîtrisée à la fois, jusqu’à sa consécration sur le podium des Champs-Elysées dimanche à Paris.

Il a le sourire d’un enfant et le regard d’un champion. Capable de se réjouir, de se laisser surprendre et de s’émerveiller des événements dont il est l’unique responsable, mesurant la portée historique de son exploit à l’échelle de son pays en totale ébullition depuis plusieurs jours, Egan Bernal a aussi pleinement conscience du chemin accompli depuis ses premières courses en VTT, où son coup de pédale a vite été remarqué, en Colombie et au-delà de ses frontières. Travailleur appliqué, compétiteur né et athlète exceptionnellement doué, le jeune homme a mis du temps à se persuader de son potentiel, mais a vite conçu le projet de devenir professionnel, d’abord pour aider financièrement sa famille.

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A cette époque, c’est-à-dire avant-hier à peine, le choix du passage du VTT à la route a été précipité par l’entraîneur de la sélection nationale, Andrea Bianco, un Vénitien installé en Colombie, qui recommande et surtout confie Bernal à l’un de ses amis. Paolo Alberti accueille l’ado dans la maison familiale, sur les flancs de l’Etna, en Sicile. Dès ses débuts sur la route, les talents de Bernal sont perceptibles aux yeux de tous, ce qui pousse Gianni Savio, manager de l’équipe Androni-Giocattoli, à lui proposer son premier contrat. Avec Bernal, les performances ne tardent pas à confirmer les premières impressions et les valeurs physiologiques exceptionnelles qu’il présente, avec notamment une 4e place sur le Tour de l’Avenir 2016. Pour autant, l’intéressé ne s’enflamme pas, avance prudemment et déclare même en début de saison 2017 sur le Tour de Langkawi dans une interview publiée par Vélo Magazine que « si mon destin est de porter les caramañolas (les bidons), je veux être le meilleur porteur de caramañolas au monde ». Ce qui en dit long sur l’ambition et sur l’humilité du personnage…     

Le destin se mêle de corriger le plan de carrière de Bernal, désigné leader pour le Giro mais contraint au forfait par une fracture de la clavicule à l’entraînement.

Pour son intégration au Team Sky en 2018, le jeune Colombien accomplit sur son premier Tour de France un travail exemplaire au service de son leader Geraint Thomas, vainqueur du Maillot Jaune à Paris. La solidité du p’tit bonhomme est tellement flagrante qu’on ne lui propose alors plus ces seconds rôles. Leader de l’équipe sur Paris-Nice, il domine avec force son aîné Nairo Quintana sur les pentes menant au col de Turini et s’adjuge la Course au Soleil en mars. Le destin se mêle alors de corriger le plan de carrière de Bernal, alors désigné leader pour le Giro mais contraint au forfait par une fracture de la clavicule à l’entraînement. Quelques semaines plus tard, c’est la lourde chute de Chris Froome et sa fracture du fémur sur le Critérium du Dauphiné qui modifie son horizon immédiat. Bernal s’apprête alors à effectuer sa reprise sur le Tour de Suisse, où il s’impose et gagne en même temps le statut de coleader sur le Tour avec Geraint Thomas.

Il n’y a guère de doute sur la capacité d'Egan Bernal à tenir le rythme des meilleurs et même à les surpasser en montagne. Au départ de Bruxelles, les interrogations à son sujet concernent plutôt sa fâcheuse manie à goûter du bitume un peu plus souvent que nécessaire. Mais à ce jeu-là, c’est son camarade tenant du titre qui se montre plus vulnérable, projeté à terre à trois reprises au total. Pour le reste, bien qu’il ait marqué le pas sur le chrono de Pau (22e et 1’36’’ de perdues sur Alaphilippe, vainqueur et Maillot Jaune ce jour), le Colombien se montre sûr de sa force, particulièrement sur la montée au col de l’Iseran où il assomme la concurrence, avant de se retrouver privé d’une victoire d’étape à Tignes par des éléments qui se révèlent parfois plus forts qu’un peloton… et même qu’un tout nouveau Maillot Jaune d’exception. Sur la dernière étape de montagne, raccourcie pour les mêmes raisons à une course de côte vers Val Thorens, Bernal et Thomas laissent le soin aux coureurs de l’équipe Jumbo-Visma d’éjecter Julian Alaphilippe du podium pour y placer Steven Kruijswijk, 3e à 1’31’’ au classement général. Pour Bernal, les caramañolas sont bien loin. Et ce n’est qu’un début…© Photo Presse Sports

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